Alfred Jarry ou la déception du mois
Alfred Jarry... Ce nom ne
vous dit rien ? C'est que les manuels de français ne vous passionnent pas...
Mais ce n'est pas grave, voici une petite séance de rattrapage... Si vous ne
connaissez pas le nom de ce dramaturge, celui de son principal personnage ne
doit pas vous être inconnu: Père UBU. C'est à lui que l'on doit l'adjectif
"ubuesque" désormais entré dans le langage courant.
Afin de mieux me faire comprendre, je vais vous citer quelques répliques (dans lesquelles on pourra noter l'influence de cette oeuvre de la fin du 19ème sur le théâtre dit d'avant-garde des années 50) :
"Merdre!" (ça
c'est la première réplique)
"Et maintenant, je
vais foutre le camp. (il tombe en se retournant) Oh! aïe! au secours! De
par ma chandelle verte, je me suis rompu l'intestin et crevé la bouzine!"
"Ah! saleté! le
mauvais droit ne vaut-il pas le bon ? Ah! tu m'injuries, Mère Ubu, je vais te
mettre en morceaux."
"Cornegidouille!
Ouvrez. de par ma merdre, par saint Jean, saint Pierre et saint Nicolas!
ouvrez, sabre à finances, corne finances, je viens chercher les impôts!"
"Sabre à finances,
corne de ma gidouille, madame la financière, j'ai des oneilles pour parler et
vous une bouche pour m'entendre. (éclats de rire) Ou plutôt non ! Vous
me faites tromper et vous êtes la cause que je suis bête !"
Je ne sais pas si ça vous aide à vous faire une idée mais on va faire comme si...
L'auteur (Alfred Jarry donc) est né à la fin du 19ème
siècle, il a fait des études longues (ce qui, à l'époque, était réservé à une
élite). Lors de ces études, il a eu des professeurs (jusque là, rien de bien
étonnant), mais il a surtout eu (vers ses 15 ans si je ne m'abuse) un
professeur de physique qui a changé sa vie... non pas parce qu'il lui a donné
goût à sa matière mais parce que ce "P. H." était le futur Ubu. C'est
donc adolescent et pour se moquer d'un professeur qu'Alfred Jarry a ébauché un
futur grand classique novateur du théâtre...
Donc, petit Alfred a grandi, il a
représenté Ubu en marionnettes, puis il l'a fait jouer par des comédiens, dans
une mise en scène avant-gardiste, dans des costumes avant-gardistes (je vous
laisse juger : "Costume de musicien hongrois très collant, rouge. Grand
manteau, grande épée, bottes crénelées, tchapska à plumes." en fait, c'est
peut-être pas si comique, mais ça me fait rire...) enfin la totale : "Nous
allons passer avec trois actes qui sont sus et deux qui sont sus aussi grâce à quelques coupures. J'ai fait toutes
les coupures qui ont été agréables aux acteurs (même de plusieurs passages
indispensables au sens de la pièce) et j'ai maintenu pour eux des scènes que
j'aurais volontiers coupées.".
Je vous laisse juger
:
- Le public n'est
capable de comprendre une pièce qu'imparfaitement, et encore, si on lui
explique clairement et plusieurs fois et il est dommage de ne pas pouvoir
expulser de la salle les personnes trop bêtes pour comprendre
- Si on voulait
"s'abaisser" à faire des pièces que le public comprenne, il faudrait
qu'il n'arrive que des choses quotidiennes à des personnages qui pensent comme
lui
- Il n'y a
certainement que 500 personnes dans le monde qui ne soient pas débiles
(apparament, Jarry en fait partie! rien que ça !)
- Si une pièce n'a
pas de succès, c'est parce que le
public est trop bête
Pour résumer, il y a
"l'élite", "les intelligents", "les génies" et
"l'infinie médiocrité de la foule", les "muffles", j'en
passe et des meilleures...
(je passe sur les
propos mysogynes...)
Ca ne vous rappelle
pas quelqu'un, cette dualité élite/autres ?
Voilà, à vous de juger... Jarry ne serait-il pas un peu Ubu avec sa démesure égocentrique ?
Non, non sûrement pas, il est certain qu'un humour si fin... de par ma merdre,
c'est inaccessible pour des imbéciles de notre sorte !
La
Ptit'Féedée